Si la grande angoisse des chefs d’établissement et de tous les éducateurs consiste à se demander si ce qu’ils font aujourd’hui prépare suffisamment les enfants au monde de demain, je suis bien placé pour savoir que l’une des angoisses principales des familles est de comprendre où en sont leurs enfants sur ce qu’ils apprennent et d’avoir l’assurance qu’ils acquièrent ce qu’ils devraient acquérir. Une école comme la nôtre n’a pas tant de moyens de montrer aux parents que leurs enfants sont en réussite (ou en échec d’ailleurs) : les bulletins scolaires, les résultats obtenus aux diverses évaluations, quelques exemples concrets sur les cahiers mais dont il est difficile, finalement, de savoir à quoi ils se mesurent – après tout un professeur évalue seulement (et heureusement !) sur ce qu’il a enseigné. Il subsiste donc toujours une forme de subjectivité sur le niveau des enfants et l’on peut comprendre que des parents s’inquiètent. D’autant que l’inflation des notes et la baisse des attentes dans certaines écoles a pu causer un “honesty gap”, c’est-à-dire un manque de transparence sur les performances soi-disant correctes des enfants suivies par de mauvaises surprises au moment de passer des tests standardisés.
Introduire une dose d’objectivité est l’une des raisons pour laquelle nous avons commencé à utiliser MAP Growth ces dernières années (les derniers résultats, toujours exceptionnels, sont ici)*. En ce sens nous avons aussi bénéficié de l’extension des évaluations nationales diagnostiques sur l’ensemble du cycle 2 et 3 : si leur but affiché est de permettre aux équipes enseignantes d’identifier les domaines d’amélioration, elles donnent malgré une image nette de là où se situent les enfants par rapport aux attendus institutionnels. Mais les tests plus ou moins standardisés ont leur limite et personne ne souhaite par ailleurs que nous ne devenions une école qui néglige les compétences qui se testent moins comme l’empathie, le goût de l’effort, ou la gentillesse.
Récemment nous avons donc renforcé notre participation à des concours et des compétitions qui nous permettent, d’une autre façon, de nous mesurer et nous comparer aux autres écoles françaises aux USA. Et c’est une belle réussite : nous avons ainsi obtenu de belles récompenses individuelles qui rejaillissent sur l’école dans son ensemble. Je vous parlais de Roxane et de son titre de Petite championne de la lecture en Amérique du Nord, je peux vous parler cette semaine d’Ella qui a intégré la All star team de l’équipe de débat dans le cadre du projet Ambassadeurs en herbe. C’est d’autant plus remarquable que nous avions dû demander une dérogation pour y participer puisque selon le règlement elle était deux ans trop jeune ! Un immense bravo à Ella, donc !
Enfin et, j’allais dire presque comme d’habitude – mais je ne m’en lasse pas -, nous avons encore brillé en mathématiques avec cette fois le concours de la Course aux nombres (merci M. Duchier et Camille Martin) qui réunit les classes du Cm1 à la terminale de toutes les écoles françaises des Etats-unis et du Canada. 17 de nos élèves, soit 14% des participants, se sont qualifiés pour la grande finale. On en revient alors à la question de la subjectivité : 17 élèves, finalement, c’est beaucoup ou c’est peu ? Pour se convaincre que c’est très bien, il suffit de jeter un œil sur les résultats des autres – non, je ne regarde personne en particulier – pour voir que nous envoyons proportionnellement bien plus d’enfants en finale que des établissements aux effectifs largement supérieurs. Et tout cela finit quand même à mon sens par dessiner le portrait d’une école certes chaleureuse, certes accueillante et certes inclusive, mais une école dans laquelle on travaille aussi et objectivement très, très bien.
Excellent weekend à tout le monde !