Les célébrations du nouvel an lunaire qui ont lieu aujourd’hui à l’école grâce à l’association des parents d’élèves ont évoqué chez moi bien des souvenirs de mes années chinoises et taïwanaises. Là bas, évidemment, il s’agit d’un événement majeur dont le 老外 lǎowài (en Chine) or wāiguǒrén 外國人 (à Taïwan)* que j’étais avait toujours un peu de mal à prendre la mesure. On parle souvent à l’école des compétences interculturelles, en voilà une de tout premier ordre : non pas seulement “savoir” les traditions de l’Autre mais comprendre ce qu’elles représentent pour ceux et celles qui les fêtent et pouvoir ainsi les partager avec eux. Thanksgiving aux Etats-Unis est un bel exemple d’une fête tellement signifiante pour les américains qui peut renvoyer l’étranger, pour quelques heures, à son statut d’outsider.

A Taipei, l’école dans laquelle je travaillais avait fait le choix de se revendiquer comme pleinement internationale – en réalité, occidentale – et ce malgré un board composé quasi exclusivement de membres taiwanais. Et de fait, avec le recul, je me rends compte que nous agissions comme une sorte de bulldozer culturel, ce dont on trouvait la trace symbolique dans le calendrier scolaire : vacances de Noël de 3 semaines quand les écoles locales ne ferment pas une seule journée, vacances de Pâques, et plus globalement aucune concession aux fêtes locales si ce n’est, quand même, les quelques jours de repos accordés pour le nouvel an chinois.

Je dois dire que, au moment de préparer notre propre calendrier, cette déconnexion entre l’école et le monde qui l’entoure directement – et le constitue – m’interroge (encore qu’elle rendait mon travail bien plus facile !). Notre double identité franco-américaine, notre attachement à la diversité qui fait toute la force et le charme de New York, la variété de nos familles qui ont parfois des enfants dans d’autres écoles, publiques ou privées, à New York ou ailleurs et qui souhaiteraient, on le comprend, passer parfois quelques jours de vacances ensemble : tout cela fait qu’au moment de me mettre au travail et poser les différentes dates je perds mes tout derniers cheveux et je sais que je me vais immanquablement me faire houspiller.

Pour élaborer ce calendrier, j’ai continué à écouter les familles en limitant le nombre de jours où l’école sera fermée – cette année encore, pas de journées pédagogiques. J’ai pris l’attache de nos partenaires à Léman pour voir si nous pouvions nous accorder sur quelques dates (c’est compliqué, voire impossible pour les vacances de printemps qui nous laisserait affronter un tunnel de 12 semaines avant la fin de l’année, beaucoup trop long pour les enfants et les collègues) J’ai consulté le calendrier des écoles publiques de New York (c’est mieux et nous aurons donc des semaines en commun – c’est aussi important pour nous car nous utilisons des services qui sont fermés sur ce temps là et qui nous impactent donc). La guilde des écoles privées de NY m’a aussi permis de mieux me rendre compte des pratiques des autres écoles en termes de fêtes religieuses. Enfin, je dois composer avec les attentes de notre inspectorat français qui valide en dernier recours nos choix (le calendrier n’est pas encore validé à ce jour mais il est conforme aux demandes et il ne devrait pas y avoir de soucis).

Ce calendrier est incomplet car il ne comprend pas encore les dates des réunions parents-profs (PTC) dont le format doit encore être repensé et sur lequel je souhaite prendre le temps d’une consultation plus large et mieux réfléchie, notamment en interne avec les équipes.

Mais je vous rassure, j’ai gardé le break de Thanksgiving. Vous pouvez trouver le calendrier scolaire provisoire 2024-2025 ici.

*étranger