C’est l’heure des rencontres parents-professeurs, ce qui signifie que même si j’ai l’impression d’avoir à peine fermé un œil depuis la rentrée, il s’est en fait écoulé suffisamment de temps pour que nous soyons en mesure de vous faire un premier retour sur vos enfants. Il s’agit d’un événement très important dans la vie de l’école ; c’est la raison pour laquelle nous nous permettons de bouleverser le calendrier — avec cette année une nouveauté, puisque nous organisons une journée de camp pour des élèves d’élémentaire le lundi 10, à la demande de l’association des parents d’élèves et rendue possible par les nouveaux locaux.
Ce que peut-être les familles savent moins, c’est ce que représentent ces rencontres pour les professeurs. Dans une école plus classique – ou simplement plus grande – ce moment sert déjà à faire la connaissance des parents – c’est moins le cas chez nous où entre le pique-nique, les différentes sorties scolaires, ou même les apéros, les occasions de se voir sont nombreuses et chacun se connaît plus ou moins. À The École, cette première étape déjà franchie, nous cherchons à utiliser cet espace de la manière la plus efficace, un objectif affiché qui donne lieu en amont à beaucoup de réunions, de réflexions et qui suscite parfois un peu d’angoisse.
Depuis que nous avons adopté le cadre WE CARE dont je parlais ici, la manière dont nous proposons ces rencontres fait l’objet d’une grande attention : les familles prennent le temps de se déplacer et nous consacrent du temps, il n’y a pas école ce jour là, il convient donc de leur communiquer des informations à la fois précises et précieuses. Nous avons les données, nous avons un regard sur nos élèves – et sommes très heureux aussi de découvrir celui que portent les parents sur leurs enfants pour nous en faire une image encore plus nette.
Dans ce contexte, rendu encore plus contraint par la relative brièveté des rendez-vous, il nous faut faire des choix: quoi montrer, quoi privilégier, quoi dire et, bien sûr, comment le dire, sur quel ton, en utilisant quels mots, et pour obtenir quels résultats? Car, on s’en doute, tout cela ne s’improvise pas, cela se prépare méticuleusement, cela se discute, et ce sont souvent pendant ces conversations entre nous que nous apprenons à être encore meilleurs, à être toujours plus fins dans nos analyses, toujours plus près des enfants pour mieux les accompagner.
C’est un travail qui ne finit jamais, évidemment—Sophie a d’ailleurs décidé que la question du feedback était l’une de ses priorités de travail avec les équipes pour les mois qui viennent. Car il nous semble évident que si nous sommes prompts à préparer les rencontres avec les familles, nos élèves restent eux souvent désemparés par nos retours, preuve que nous devons nous améliorer au quotidien pour mieux intégrer les feedbacks, l’évaluation par les pairs et l’autoévaluation dans nos pratiques de classe.
Ironiquement, les rencontres parents-professeurs de la grande section au Cm2 telles que nous les organisons aujourd’hui renvoient l’image d’un enfant absent de la discussion qui se mène autour de lui alors même que nous essayons de le rendre acteur de ses apprentissages. C’est une contradiction sur la forme que nous avons en partie corrigée au collège en invitant les élèves à participer aux réunions. Après quelques réticences initiales, c’est aujourd’hui un acquis sur lequel on ne songe plus guère à revenir et un format qui gagnerait peut-être à être élargi sur l’ensemble des classes.
Affaire à suivre, donc !

