Il arrive parfois que des événements qui se produisent loin de notre réalité aient pourtant des conséquences directes sur nous. Par exemple, en 1895, l’état de New York a établi une loi (Substantial Equivalency Law) qui a pour but de s’assurer que les écoles indépendantes et religieuses proposent à leurs élèves un programme qui soit plus ou moins équivalents aux attendus fixés aux écoles publiques, notamment pour ce qui concerne l’anglais et les mathématiques. Libre aux écoles privées d’enseigner une religion, une langue étrangère ou quelconque idiosyncrasie tant que les élèves peuvent démontrer un niveau suffisant dans ces matières incontournables.

Pendant longtemps cette loi est restée un simple texte dans un code civil et n’a fait l’objet d’aucune action particulière. C’est sans doute parce qu’elle soulève une question cruciale aux USA et à laquelle personne n’a vraiment envie de se confronter : celle du degré de contrôle de l’État sur l’éducation à la religion. Mais suite à une enquête relativement récente du New York Times qui a mis en avant que certaines écoles se consacraient quasi exclusivement aux principes religieux au détriment des fondamentaux académiques, la réponse de l’Etat de New York a été de réactiver la Substantial Equivalency Law.

Les services concernés ont pour ce faire créé un protocole avec 7 options possibles permettant aux écoles privées de démontrer que leur programme est en conformité avec leurs attentes. Nous avons donc été contactés par le département de l’Éducation pour “choisir” une option. Les 5 premières n’étaient pas possibles : nous ne sommes pas une high school qui fait passer des examens officiels, nous ne nous ne recevons pas de fonds fédéraux ni de l’État, nous ne sommes pas une école IB et notre statut à but lucratif (enfin techniquement en tout cas !) nous empêche d’être membre à part entière des organismes accréditeurs classiques type NAIS (nous sommes membres associés, ce qui nous a toujours amplement suffi jusqu’à lors !). Quant à la 5ème option, elle concerne une seule institution dans tout New York State.

Des deux options qui nous restaient, la plus simple pour nous aurait été de fournir les résultats des tests MAP Growth qui sont, vous le savez, excellents. Malheureusement les tests MAP ne font pas partie de la liste des tests approuvés par le DOE dans le cadre de ce protocole (on se demande bien pourquoi, mais c’est une toute autre question). Ne voulant pas imposer aux élèves une autre épreuve, la 7ème et dernière option a semblé finalement la plus naturelle : accueillir une visite du DOE. Nous sommes très fiers de ce que nous faisons dans nos classes et prenons toujours beaucoup de plaisir à le montrer à nos invités. Allons donc pour le 7ème “pathway”: local review!

C’est en préparant cette “review” avec le DOE que nous nous sommes peu à peu aperçus que si elle était l’ultime choix c’est parce qu’elle était justement un dernier recours et impliquait en fait, déjà, que nous étions une école “compliquée” et potentiellement suspecte de ne pas être “substantially equivalent”. Une fois que nous avons intégré cette notion, et après avoir pris l’attache de quelques collègues – notamment de Nord Anglia, nos futurs voisins, qui sont exactement dans la même situation – j’ai donc pris la décision unilatérale de changer de cap et d’opter pour le pathway 6, celui du test standardisé. Je remercie Sara Weintraub qui s’est emparée de ce  projet avec le sérieux et l’expertise qu’on lui connaît et a fait le nécessaire pour que tout soit prêt dans les semaines qui arrivent pour que les élèves du CE2 à la 4ème puissent passer ces tests en ligne.

Aux dernières nouvelles la loi changera peut-être bientôt mais en attendant, débarrassons nous de cette formalité et montrons leur que nous sommes non seulement “substantially equivalent” mais en fait tellement plus que cela !