Je voulais d’abord remercier les nombreuses personnes qui m’ont souhaité un bon anniversaire suite à mon courrier de la semaine passée – j’ai manqué de temps entre mes 7 repas quotidiens en France pour pouvoir répondre individuellement à chacun d’entre vous. Par ailleurs, le retour à l’école a été immédiatement rythmé par des décisions importantes à prendre concernant les masques.

Nous avons tous une histoire personnelle avec les masques. La mienne a démarré il y a deux ans en Asie quand tout le continent s’est couvert le visage en moins de temps qu’il n’en faut pour dire COVID. Depuis j’en ai porté des centaines, de toutes les formes et de toutes les couleurs (quand Andria et moi allions chercher notre ration hebdomadaire dans les pharmacies de Taipei – la distribution en était organisée par l’Etat – nous espérions toujours vainement tomber sur un lot de masques noirs ou roses (les plus cools), mais finissions invariablement avec un lot vert pâle (pas les plus cools).

J’ai activement détesté porter le masque au début, puis je m’y suis résigné petit à petit avant au fil des mois de ne même plus y réfléchir – combien de fois dans la journée m’est-il arrivé de chercher mon masque de partout dans mon bureau alors que je le portais sous le menton. Souvent j’ai anticipé la fin du port de masque : je m’imaginais que nous pourrions faire une fête globale pour célébrer ce moment, que nous pourrions les jeter symboliquement au feu et danser à notre liberté retrouvée.

Je me trompais. La liberté que nous retrouvons c’ est celle de choisir. Le COVID est là depuis trop longtemps parmi nous pour que l’on puisse s’en sentir définitivement débarrassé, nous continuons à avoir des cas dans notre communauté, le mandat de la ville de New York est maintenu – ne serait-ce que pour quelques heures encore. Bref, chacun doit faire avec ses inquiétudes, son stress, sa situation personnelle. Mais contrairement à de nombreux choix personnels que nous devons faire chaque jour, celui-ci s’affiche sur nos visages.

Plus que jamais il est donc le moment de se parler, de se soutenir, de se comprendre. A The École nous en avons parfaitement conscience et nous sommes heureux de voir que ce sont les enfants, de par leur attitude, qui nous montrent le bon chemin. Là où les adultes se posent des questions, ils agissent avec un naturel désarmant. Nous restons évidemment vigilants mais pour l’instant, à part peut-être une excitation palpable mercredi matin, ils ne parlent, déjà, plus tant que cela des masques.

Je ne peux pas finir ce courrier sans avoir une pensée toute particulière, au nom de la communauté, pour nos familles ukrainiennes qui traversent des moments extrêmement douloureux. A l’initiative de l’une d’entre elles, je me permets de vous joindre ce lien qui vous permettra d’acheter des fournitures qui seront livrées à la population locale. Vous pouvez aussi apporter vos donations à l’école en achetant les produits listés ici, des containers seront à disposition dans les lobbies deux deux bâtiments. La liste de ces produits  est en elle-même un témoignage bouleversant de l’ampleur du désastre et de la cruauté du conflit.