Au Lycée Chateaubriand de Rome où j’ai eu le plaisir d’enseigner pendant trois années, il existe un sabir parlé seulement par ceux qui le fréquentent: le chateaubriannais.* A The École, on prend un peu le même chemin – il nous faudra bientôt préparer un glossaire des termes intraduisibles que tout le monde a adopté tel quel. Après les “zafters school” la semaine dernière, il est donc presque naturel que je vous parle cette semaine des “curriculome nights”. Vous avez été nombreux à y assister et je sais que les professeurs ont pris grand soin à vous proposer des présentations à la fois synthétiques et informatives qui vont vous permettre de naviguer cette année scolaire en pleine confiance.

Cette confiance est essentielle. Elle ne se décrète pas, elle se construit. Les outils de communication qui vous ont été présentés ont pour objectif de toujours mieux tisser ces liens entre les familles et The École. Ils mettront, nous aurons l’occasion d’en reparler, les enfants au cœur de nos conversations car c’est de leur travail, de leurs productions et de leur progrès dont il sera question. Je ne doute pas en tout cas que des réunions comme celles de cette semaine et celles qui viendront en début de semaine prochaine autour de Seesaw ou de Google Classroom participent  grandement à enrichir notre relation de confiance.

Comme à chaque fois que je participe à des réunions entre enseignants et parents, je ne peux m’empêcher de songer à mes propres parents. Je pense à toute la foi qu’ils ont placée dans l’école, de tout le soutien qu’ils m’ont offert, de tous les professeurs qu’ils ont rencontrés. C’est peut-être à mon papa à qui je pense en particulier, lui à qui l’école n’a pas fait de cadeaux, lui à qui l’école n’a pas vraiment laissé le choix, lui qui s’en est finalement si bien sorti sans elle. Il a pourtant toujours tenu l’école et le travail des professeurs en très haute estime. Il m’a toujours poussé, m’a toujours encouragé et ne m’a finalement pas laissé d’autres choix que de réussir mon parcours scolaire. Que je sois devenu directeur d’école, que l’on ait pu me récompenser des palmes académiques pour mon travail au service de l’éducation reste pour lui un sujet de fierté infini. Si je vous parle de mon papa c’est qu’il a eu 76 ans hier et que je ne l’ai pas vu “en vrai” depuis près de deux ans. Si je vous parle de lui c’est qu’il me manque. Je lui dois, entre autres choses, de savoir faire du vélo, le bleu de mes yeux, un certain penchant pour la coquetterie et une incapacité génétique à me prendre au sérieux.

Je fais partie de ceux qui ont traversé cette pandémie de manière très privilégiée: je n’ai pas perdu de proches, ma vie ne s’en est pas trouvée complètement chamboulée, j’ai pu continuer à travailler, je ne suis pas tombé malade, mes parents sont en bonne santé. Je mesure, croyez-le bien, la chance incroyable que j’ai, comme je mesure le bonheur d’avoir pu traverser ses 18 derniers mois en compagnie d’Andria mon épouse. Cependant, pourquoi le cacher, ce n’est pas facile tous les jours. Et si je me permets d’écrire cela aujourd’hui c’ est que je sais bien que je ne suis pas le seul dans ce cas, que vous êtes nombreux à vivre ce manque et cette absence. J’avais simplement envie de partager un peu avec vous dans l’espoir que cela nous donne un peu de force.

Merci aux parents d’avoir été aussi attentifs et studieux lors des “curriculome nights” et de votre soutien de The École au quotidien. Je sais qu’un jour vos enfants vous en seront reconnaissants.

Excellent weekend a tout le monde !

*Voir la rubrique À savoir
** Les PDF des présentations seront disponibles lundi sur le Mémo