Parmi les 49 pays représentés à The École, il y a la Finlande. C’est toujours intimidant la Finlande pour un chef d’établissement parce que le pays se distingue depuis plusieurs années par l’excellence de son système éducatif qui allie résultats académiques et bien-être des enfants d’une façon qui n’a sans doute pas d’équivalent dans le monde. Autant dire que quand on a une famille finlandaise dans l’école, mieux vaut être à la hauteur !

Pourquoi certains pays obtiennent ils de meilleurs résultats que d’autres dans les différents classements de la réussite scolaire ? La question est vaste et les facteurs multiples. On sait par exemple que la France n’est pas toujours bien classée et que son système éducatif va malheureusement à l’encontre de ses objectifs premiers en perpétuant voire en amplifiant les inégalités sociales (les élèves qui réussissent très bien à l’école française sont parmi les tout meilleurs au monde mais nous avons du mal à faire progresser ceux qui réussissent moins bien).

Ces comparaisons entre pays, nous les vivons au quotidien à The École. Les différences entre les systèmes scolaires français et américain sont nombreuses. Elles se trouvent bien sur dans les attendus (pourquoi diable un enfant américain devrait savoir compter jusqu’à 100 en anglais a la fin de la grande section et un enfant français du même âge seulement jusqu’à 30 ?) mais aussi, évidemment, dans les contenus (en histoire ou en mathématiques par exemple mais aussi la prééminence de la grammaire en France alors qu’elle s’enseigne peu voire pas ici ) ou encore dans le nom des matières (on n’étudie pas les sciences sociales en France avant l’université alors que l’on fait des social studies dès qu’on est tout petit ici). Ce sont là des différences techniques dont nous nous accommodons aisément.

Parfois les différences peuvent être plus culturelles. Elles peuvent toucher par exemple à la discipline (quel niveau sonore tolère-t-on, quelles conséquences pour tel ou tel comportement,…), aux savoirs qui sont plus ou moins valorisées (l’importance de la culture générale en France et l’accent mis sur la théorie fait place ici à une approche plus pragmatique) ou encore aux compétences qui nous paraissent essentielles (les compétences en expression orale sont par exemple relativement délaissées en France alors qu’elles sont essentielles ici).

Parfois, enfin, ces différences sont plus profondes. Le système français est le fruit d’une volonté clairement affichée de promouvoir et de défendre les valeurs d’un idéal républicain qui ne trouvent pas toujours leur place dans la société américaine (la laïcité, les politiques de l’identité, le traitement de la différence en sont quelques exemples). Les modes de recrutement des enseignants sont également différents : ce qu’ on attend du métier d’enseignant, pourquoi on le choisit ou encore comment celui-ci est perçu au sein de la société sont autant de facteurs qui colorent notre vision de l’école et de ce qu’elle devrait être sans que nous en soyons toujours conscient.

À The Ecole le parti pris affiché est de faire profiter les enfants du meilleur des deux systèmes : C’est un travail de tous les jours et qui nous met parfois dans l’inconfort car pour définir ce “meilleur” il faut aussi identifier ce qui est moins bon. Mais ce travail est essentiel pour les enfants parce qu’il est la trace de notre capacité à réfléchir et à s’ouvrir à l’autre. Et comme presque toute chose, cela s’enseigne et cela s’apprend.

Excellent weekend à tout le monde!

P.S. : Merci à Cheryl, finlandaise d’adoption, de m’avoir inspiré cette lettre en m’envoyant cet article.

P.P.S : N’hésitez pas à partager vos pensées avec moi sur le système éducatif que vous avez connu plus jeune – comme cette maman qui m’a raconté ce matin qu’on l’appelait “numéro 57” (il y avait 61 enfants dans la classe et chacun avait un numéro).