S’il y a un mot qui revient en ce moment pour décrire notre actualité c’est celui d’incertitude. Cette incertitude nous heurte parce qu’il n’y a finalement rien de plus rassurant que de penser que nous pouvons prévoir ce qui va subvenir. J’imagine que chacun face à cette situation apporte une réponse qui lui est propre – j’ai droit en ce moment à une dose de rationalisation quotidienne de la part de Philippe ! Pour ma part c’est souvent dans la philosophie que je vais puiser des éléments de réponse pour non seulement éviter de paniquer mais également trouver de l’inspiration – une inspiration que je m’efforce de mettre au service de l’école pour maintenir le cap quel que soit notre environnement. Je vous livre ici quelques exemples qui m’aident ou m’ont aidé par le passé.

Hannah Arendt fait l’hypothèse que l’incertitude nous pousse à nous recroqueviller et réduit de fait le champ de notre pensée. L’équivalent en quelque sorte de ce que je fais depuis quelques jours, à savoir la politique de l’autruche : se forcer à ne rien voir pour ne pas avoir à réfléchir. Je me suis donc promis d’être plus présent au monde, moralement et intellectuellement. Penser l’incertitude au-delà du chaos financier et des possibles conséquences ou des bouleversements de l’IA qui chamboulent les manières d’enseigner et les manières d’apprendre.

En France, Albert Camus a fait de l’incertitude un terreau fertile pour développer une pensée qui fait l’apologie de la joie et de la résistance: continuer à vivre, coûte que coûte, une vie pleine de ce qui la rend plus belle. Pour nous à The École cela signifie une vie de voyages, de couleurs, de rires, une vie remplie d’art et d’empathie. Nous ne pouvons pas résoudre l’incertitude mais nous pouvons la transformer en quelque chose qui nous donne une direction à suivre et nous donne du sens.

De la Chine – d’où reviennent demain nos 26 collégiens et leurs 4 professeurs après un voyage épique – le taoïsme nous enseigne à nous détacher de ce que nous ne pouvons pas contrôler car notre envie de tout régenter est source de souffrance. Il faut donc savoir lâcher prise. Je me souviens d’ailleurs avoir utilisé un argument similaire au moment de remonter le moral de l’équipe dans l’après COVID – avec l’objectif de nous concentrer sur l’essentiel (et ce que nous faisons le mieux) :  l’apprentissage des enfants dans nos classes.

Enfin, Nietzsche, peut-être le philosophe du chaos par excellence, nous invite à faire corps avec l’incertitude, de grandir avec elle puisqu’elle nous rend plus fort et qu’elle nous permet d’accoucher, comme il le dit joliment, d’une “étoile dansante”. Nous ne pouvons pas tout savoir et c’est tant mieux puisque c’est grâce à cette incertitude que nous créerons quelque chose d’encore plus beau. Une idée puissante qui me donne de la force et inspire mon travail à The École.

Voilà quelques-unes de mes stratégies pour essayer de penser le monde qui m’entoure. A noter, je le concède, qu’il m’arrive aussi tout simplement de boire un verre ou deux, comme hier soir à l’apéro, ça aide ! Je serais ravi d’entendre comment vous vous y prenez de votre côté, à commencer j’imagine pour nombre d’entre vous par un départ en vacances pendant le spring break – rien de tel qu’un changement de routine pour adopter une perspective nouvelle.

Andria et moi nous envolons ce weekend pour Taïwan. Nous nous réjouissons de retrouver de nombreux amis et collègues et de replonger, l’espace de quelques jours, dans notre vie d’avant.

On se retrouve le 28 avril – et qui sait peut-être y verra-t-on plus clair. Excellentes vacances à tout le monde et merci à ceux et celles qui vont accueillir les enfants pour le camp de la semaine prochaine.