Hier, j’étais John Travolta dans Pulp Fiction. J’ai dansé – avec l’aplomb et la confiance qui vient naturellement lorsque l’on a des cheveux et qu’on est marié à Andria / UmaThurman –  avec des corsaires, des cowboys, des zombies, des Kens et des Barbies, des Cruella, des sorcières, et bien d’autres encore. Je ne sais pas ce que cela dit de nous, les grands, cette envie de temps en temps de se déguiser – Stéphanie, notre psychologue, saurait sans doute répondre à cela mieux que moi – mais on sait par contre que les enfants, eux, le font tout le temps. Comme cela est indiqué dans les documents officiels de l’Education Nationale, les enfants sont très attirés par les déguisements.

Jouer à être quelqu’un d’autre, à la marchande, à la maîtresse, jouer avec une dînette, avec une petite voiture, jouer au pompier, tout cela fait partie de l’univers quotidien des plus jeunes. Quand on est petit on joue comme on respire, cela ne se discute même pas. L’école s’en accommode depuis longtemps: elle accorde des pauses aux élèves pour qu’ils aillent s’amuser dans la cour, dans la rue, dans le parc ou dans le préau. C’est que le reste du temps, il nous faut travailler: c’est sérieux, l’école! Apprendre à lire, apprendre à compter, les dictées, ce n’est pas toujours très rigolo.

Sauf que bien sûr, cela devrait absolument être rigolo – cela devrait être la chose la plus chouette a faire au monde. Et nous assistons depuis déjà longtemps déjà à une transformation du monde de l’éducation : on joue de moins en moins entre deux moments de travail mais on joue de plus en plus en travaillant. On a même créé pour ce faire le terme de “play-based curriculum” – un de mes anciens collègue et ami dirige aujourd’hui en Nouvelle-Zélande une école avec “passion-based curriculum”.

Même le système français, pourtant pas toujours réputé pour son goût de la rigolade, s’y est mis. La réforme de 2015 constitue en effet un changement profond et donne au jeu une place singulière dans la vie de la classe car on considère aujourd’hui qu’il “alimente tous le domaines de l’apprentissage”. Les parents qui ont leurs enfants à la maternelle en voient la trace tous les jours dans la disposition des classes et, par exemple, dans ces moments où les enfants arrivent à l’école et jouent de manière indépendante (on parle de jeu libre même si dans la réalité tout a été soigneusement conçu et pensé par les professeurs).

Ce qui fait sans doute la différence du système français et qui le démarque de bon nombre d’autres types d’école, c’est dans l’observation que l’on fait de ces jeux et des compétences qui sont mobilisées. C’est aussi dans la manière dont le jeu est conçu comme un outil d’apprentissage en lui – même – non pas seulement parce qu’il permet à l’enfant de s’exprimer ou de se concentrer sur une tâche mais parce qu’il va être un vecteur lui permettant de mieux apprendre. On parle alors de jeu structuré.

A The École, notre système bilingue est, nous le savons, très exigeant. C’est un contexte dans lequel il serait très facile de retomber dans les travers où jouer et apprendre appartiendraient à deux sphères différentes. Mais nos professeurs de la maternelle font un travail remarquable autour du jeu – nous continuons cette année à les soutenir au travers de formations sur ce thème en français comme en anglais, notamment avec la venue régulière de Katrina Davino, l’une des fondatrices de Daffodil Hill Press.

Hier soir c’est était donc aux grands de jouer, et ce soir place aux collégiens pour la boum! Comme me le disait Mia Wallace / Andria hier : Dance good!